Place Sainte-Anne

Place Sainte-Anne © URBA-Rennes

Déambulation Place Sainte-Anne

Par Le 29/08/2023

Déambulation Place Sainte-Anne

Il fallait être prudent et déterminé pour traverser le rond-point à double voie et le parking pour traverser la Place. « C’est quoi cette affiche ? » avec la carte de la Bretagne stylisée en Dragon crachant du feu demandait le petit garçon à sa maman. « C’est pour les Transmusicales ».

C’était le début des années 90 et malgré la présence massive de la voiture et des affiches 4x3 dignes d’une entrée de ville, La Place Sainte-Anne était déjà un lieu de convergence, animée, bigarrée et attractive. Elle s’apprêtait à accueillir les festivaliers qui venait voir Nirvana, Assassin, Zebda, Keziah Jones, MC Solaar et autres groupes encore méconnus.

Une Place populaire

La Rue Saint-Michel remplaçait peu à peu la Rue Saint-Malo pour ses soirées étudiantes et alcoolisées.

S’y mêlait déjà le Samedi matin les retours des fêtards et les premiers vendeurs du marché des Lices tout proche.

Le Samedi après-midi, elle était aussi traversée par les chalands qui rejoignent la Rue Le Bastard et le centre-ville commerçant. Les évènements au fil de l’année, y faisaient transiter encore d’autres rennais avec notamment les Transmusicales, la salle de La Cité et ses bars en Trans.

Les marches de l’église était déjà le lieu de convergence de routards, punks ou teufeurs venus des quatre coins de France pour sa renommée. Et les fidèles de l’Eglise Saint-Aubin se frayaient un chemin à la sortie de la messe.

Quelle alternance d’ambiances ! Et que de monde différent s’y côtoie ! Cette place était éminemment populaire.

Sa métamorphose

Le mur Dubonnet était encore debout, les colombages étaient gris et l’Eglise (déjà) toujours pas finie et la vie rennaise y battait son plein.

L’arrivée de la première ligne de métro l’a piétonnisée.

En bas de la Rue d’Echange, le quartier Dinan Chézy était en plein renouveau, les hangars artisanaux étaient remplacés par des logements, les maisons ouvrières réhabilitées. Pas de commerce pour élargir le centre-ville, priorité était déjà donnée à l’habitat.

Le couvent des Jacobins était une caserne militaire désaffectée, austère et accueillait des associations sportives. Il héberge aujourd’hui le Centre des Congrès avec ses façades rénovées, ses ventelles dorées[1] et son clocher évanescent et décalé.

Pas encore de restaurants et de terrasses, il y avait le poissonnier avec sa façade en mosaïque près de la Rue Pont-aux-Foulons, le magasin de cycles Guédard en lieu et place de La Poste actuelle.

La seconde ligne de métro a nécessité la démolition du mur Dubonnet. Ce pignon tristoune peinturluré de cette pub pour un alcool désuet s’est révélé être cher au cœur des rennais juste avant sa démolition. Les rennais lui ont rendu un dernier hommage avec une installation artistique du collectif « La Sophiste »[2]. L’histoire aurait pu être toute autre, il était question que le métro sorte en lieu et place de l’église. Aurait-elle été rasée ou la nef aurait-elle pu faire office de salle des billets monumentale ?

Et demain

Le chantier se replie, le pavage de granit se dévoile, les premiers aménagements reçoivent de nouveaux usages, l’immeuble au-dessus du métro dont l’habillage de bois répond aux colombages et la disparition prochaine du flux de bus par les Rues de la Motte Fablet, Bertrand et Champs-Jacquet vont restituer aux rennais une nouvelle place. Sera-t-elle aussi populaire qu’avant ?

La soif de retrouver la vie d’avant que l’on peut sentir avec la fin tant attendue de la crise sanitaire nous promet de belles soirées étudiantes, de beaux Samedi remplis de chalands, des évènements fédérateurs et un quotidien plus aéré.

Un espace public à Rennes sera dédié à tous ces usages, c’est la Place Sainte-Anne qui retrouvera sa vocation : la déambulation des rennais qui la pratiqueront à nouveau avec délices.

 

 

[1] « La lumière » par l’artiste Laurent Grasso

[2] http://www.lasophiste.com/portfolio/dubonnet/

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